Le Pérou est connu pour être le pays avec la plus grande biodiversité au monde. Entre la zone côtière avec son climat sec et aride, la zone andine au climat tempéré et froid et l’Amazonie au climat tropical, on estime que le Pérou est divisé en 11 écorégions distinctes.

Lorsqu’on parle alors d’agriculture au Pérou, celle-ci témoigne de la même extrême diversité. Le pays a ainsi vu naître de multiples cultures agricoles usant au mieux des facteurs climatiques favorables ou défavorables. Les héritiers de ces pratiques millénaires représentent encore 2,2 millions de familles d’agriculteurs qui travaillent sur des exploitations de moins de 5 ha. Ces agricultrices et agriculteurs contribuent à 70% de l’alimentation nationale et exploitent la moitié des surfaces cultivables.

La révolution verte

Cependant progressivement, sous l’impulsion de l’État péruvien et des multiples accords commerciaux internationaux, l’agriculture a suivi les grandes orientations de la révolution verte. Cette dernière se base sur l’utilisation de produits chimiques, d’OGM et de technologies à coûts élevés. Le Pérou s’est ainsi petit-à-petit tourné vers l’exportation.

Des marchés d’exportations à forte valeur ajoutée ont vu le jour tels que la myrtille, l’asperge, la banane bio et le quinoa dont il est le premier exportateur mondial. Aujourd’hui, les grandes exploitations de plus de 100 hectares sont relativement peu nombreuses au Pérou (0,1% des exploitations). Elles représentent plus de 40% de la superficie agricole ! Principalement situées sur la côte et bénéficiant d’importants soutiens à l’irrigation, les grandes exploitations ont le vent en poupe. L’agrobusiness jouit d’un soutien indéfectible de l’État péruvien. L’État lui offre un cadre juridique favorable et avantage le regroupement de terres.

Depuis les années 90, l’État a ainsi supprimé ses politiques de régulation et d’aide à l’agriculture locale. Sous la pression des plans d’ajustements structurels, il fait tomber les protections douanières en supprimant les subventions aux producteurs et en ne contrôlant plus les prix des denrées alimentaires. Le paysan péruvien doit donc avant tout compter sur lui-même pour vivre de sa terre.

La petite agriculture face aux exploitations minières

Le grand combat actuel des paysannes et des paysans péruviens est de faire face à l’accaparement des terres provoqué par les nombreux projets miniers. Première source de devise pour l’État péruvien qui y voit une priorité stratégique. Les ressources minières sont innombrables, mais rentrent fréquemment en concurrence avec la petite agriculture.

Cela n’empêche pas l’agroécologie et l’agriculture biologique de progresser petit-à-petit au Pérou. Celles-ci sont notamment portées par des labels reconnus et militants comme le SPP (Simbolo de pequenos productores). Le SPP soutient l’organisation et la certification de petits producteurs. Les consommateurs et consommatrices urbains sont également de plus en plus en attente de produits locaux de qualité. Les connecter avec ces petits producteurs souvent éloignés et peu organisés reste donc une priorité aujourd’hui afin de promouvoir une agriculture locale saine et rémunératrice.

Benoit Naveau


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