Rencontre avec Mahamadou Souleye, membre fondateur de l’UGM.

Au Nord Mali, une des grandes difficultés pour les producteur·trices est l’accessibilité des semences. Celles-ci sont généralement importées d’Europe
jusqu’à la capitale puis seulement jusqu’à Gao. Le chemin est long et la qualité des semences en pâtit. Les semences approchent souvent de leur date de péremption quand elles arrivent dans les mains des maraîcher·ères.

De plus, ces semences importées ne sont ni reproductibles, ni adaptées au milieu malien. Les paysan·nes doivent donc en racheter chaque année et s’endetter. Ce manque d’autonomie est encore accentué par la nécessité d’acheter les produits phytosanitaires et les engrais chimiques nécessaires
à ces semences pour se développer au mieux.

Pour lutter contre ce problème Mahamadou a créé l’Union des Groupements Maraîchers (UGM). Cette association s’est engagée à produire des semences paysannes. Après un travail de sélection et de reproduction
entamé en 2008, l’UGM et ses associations membres ont commencé à donner satisfaction aux producteurs et productrices avec leurs semences de tomate, gombo, etc.

Semences de l'UGM vs semences hybrides

Ces semences, adaptées au climat et au terrain local, sont productives et bonnes à manger. Elles sont également reproductibles et échangeables et ont besoin de moins d’intrants chimiques. Tout l’inverse des anciennes importées qui sont, de surcroit, plus chères !

«On voit que ce n’est pas rentable, on perd de l’eau et de l’argent pour des plants qui ne poussent pas. Les semences paysannes, elles, sont rentabilisées.», nous dit Mahamadou Souleye.

Le succès est au rendez-vous.

En 2020, l’UGM, avec les associations membres, a produit 2 600 kilos de semences. Toute la région de Gao s’approvisionne désormais chez l’UGM et certaines sont même exportées au Burkina Faso.

Dans les champs test, on peut voir la différence entre
les semences paysannes et celles vendues par les multinationales.
Il s’agit des mêmes plantes, plantées le même jour, sur le même terrain.


Cet article fait partie d’Autre Terre Magazine #11 qui parle des semences. Pour lire les autres articles, cliquez-ici.

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