Les rapports hommes – femmes

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« À l’âge de 12 ans, mon père est décédé et j’ai été élevée par mon oncle. J’ai pris à la fois le rôle de petite fille, et de femme. En plus d’aller à l’école, je faisais toutes les tâches ménagères : piler le mil7, aller chercher l’eau, préparer les repas, etc. C’est ce qui m’a poussé à me marier tôt, dès la classe de troisième. Quand on est dans la pauvreté, on se dit qu’en se mariant ça va aller. Mais parfois on complique davantage sa situation. »

Au Burkina Faso, le parcours tumultueux de Sophie Ilboudo Delma est loin d’être inhabituel. Les parents investissent peu dans l’éducation des filles. Elles n’ont pas droit d’être propriétaire d’une terre et ne sont jamais héritières. « Quand tu accouches d’une fille, tu perds l’estime de ton mari », affirme-t-elle. « La femme doit rester au foyer avec les enfants. Point. C’est tout. On pense qu’elle n’est pas capable de réfléchir. La femme est toujours placée derrière, ici au Burkina Faso. »

L’artillerie législative en faveur d’une égalité de genre se confronte aux coutumes locales profondément ancrées

Traditionnellement, la femme est placée sous la tutelle de l’homme. Son destin est de devenir « la femme de son mari » qui en est le véritable « propriétaire ». Ici, les femmes sont, toute leur vie, considérées comme des « étrangères » même
au sein de leur propre famille.

Son autonomisation, Sophie la doit à l’association « La Saisonnière » où elle pratique du maraîchage bio en périphérie de Ouagadougou. «Je gagne un peu d’argent et j’aide mes enfants dans leur scolarité. Cela m’a aussi permis de libérer ma parole, ça m’a éveillée. Cela donne une confiance en soi très forte. ». En effet, l’accès aux moyens de production et aux revenus du travail est l’une des bases essentielles qui permet aux femmes de renforcer leur estime de soi et de se repositionner dans des rapports de pouvoir plus égalitaires au sein de leur famille et de leur communauté.

Pour avancer vers une société plus égalitaire, il est crucial que femmes et hommes soient informe·é·s et éduqué·e·s sur leurs droits fondamentaux

Une intégration effective de la législation nationale « genre » dans les politiques de développement devrait contribuer au progrès vers une égalité réelle au sein de la société burkinabè. Quant à Sophie, elle est optimiste pour l’avenir : « la mentalité des hommes change chaque jour, les gens ont les yeux ouverts. Avant, c’était toujours la maman qui prenait l’initiative d’envoyer l’enfant à l’école, mais maintenant le monsieur a compris que sa fille pouvait devenir présidente. Hommes et femmes marcheront côte à côte. « 

Son conseil aux jeunes filles du Burkina ? « Le premier mari, c’est ton boulot ! Bats-toi pour avoir un petit boulot avant de te marier. »

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Cet article fait partie d’Autre Terre Magazine #8 qui parle du Burkina Faso. Pour lire les autres articles, cliquez-ici.

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