Alors que le Sénégal enchaîne depuis une dizaine d’années de gigantesques travaux d’infrastructures, autoroutes, ports, aéroports, sa souveraineté alimentaire est encore loin d’être acquise avec toujours 40% de sa population considérée en insécurité alimentaire grave ou modérée par la FAO. Dans les régions reculées du pays, nombreuses sont les personnes qui rencontrent encore d’énormes difficultés à s’alimenter correctement.

Pourtant la souveraineté alimentaire du pays a été définie par le Président Macky Sall comme une priorité dès le début de son mandat en 2012. Des étapes importantes ont suivi avec, par exemple, un doublement de la production de riz et d’oignons en 6 ans . Le blocage périodique de certaines importations alimentaires a également permis aux producteurs locaux de se garantir un prix plus intéressant.

Le Sénégal n’en est pas moins à un tournant important en termes d’autonomisation alimentaire

Sa population croit rapidement et ses terres s’épuisent du fait de la salinisation et des changements climatiques. Il faudra davantage qu’une augmentation de productivité pour assurer sa souveraineté alimentaire à long terme.

C’est pourquoi une orientation claire de l’agriculture sénégalaise vers l’agroécologie semble si importante aux yeux des acteurs locaux de l’agroécologie fédérés au sein de la Dytaes (voir page ci-contre). Ils proposent au Sénégal d’adopter une approche globale coordonnant tous les secteurs d’activités.

Cette approche devra, selon la Dytaes, s’appuyer sur 4 axes majeurs (cliquez sur l’image pour la voir en grand) :

La Dytaes : une dynamique participative pour l’agroécologie au Sénégal

En 2019, le Président du Sénégal a annoncé que la Transition Agroécologique était un axe prioritaire du Plan Sénégal Emergent-Vert. Les acteurs de la société civile se sont alors regroupés au sein de la Dynamique pour une Transition Agroécologique au Sénégal (DyTAES) afin d’élaborer un document de contribution politique qui prend en compte les préoccupations des producteur·trices. Cette plateforme nationale regroupe aujourd’hui 50 organisations de la société civile et a notamment permis la nomination d’un point focal de la Transition Agroécologique et la création d’une subvention pour les engrais organiques. Cependant, manque encore la création d’un cadre officiel d’échange sur la Transition Agroécologique pour aller vers une stratégie opérationnelle.

Au niveau des territoires, la Dytaes met en place des dynamiques permettant de rassembler organisations de producteurs, ONG, services techniques et élu·es afin de créer des synergies, partager des connaissances, visibiliser leurs résultats de terrain (documentation et médiatisation) et porter le dialogue politique au niveau local.

Petit-à-petit, le message de la Dytaes est entendu par le Ministre de l’Agriculture qui dans son discours au Sommet Mondial a exhorté toutes les parties prenantes «…à s’approprier l’agroécologie. Notre futur commun en dépend».


Cet article fait partie d’Autre Terre Magazine #12 qui parle du Sénégal. Pour lire les autres articles, cliquez-ici.

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