Les entreprises et les déchets

« N’achète pas Coca-Cola, si tu ne nous aides pas à recycler ». C’était le slogan d’une campagne belge de 2019 de la multinationale des sodas. Comme d’autres entreprises génératrices de déchets, Coca-Cola cherche ici à se dédouaner des 4000 bouteilles en plastique qu’elle fabrique chaque seconde. La pollution plastique, ça ne serait pas de leur faute mais bien celle des consommateurs qui jettent n’importe où leur déchet. Mmh, vraiment ?

L’idée tient du génie. Dans les années 60, la consigne du verre perd peu à peu du terrain face au plastique. Celui-ci s’accumule dans la nature et les entreprises commencent à être pointées du doigt. Mais ces dernières ne veulent pas changer de modèle car ça leur permet de réduire leur coût. Elles ont alors réussi à inverser la logique et à culpabiliser le consommateur. Ça serait à lui de trier ses déchets.

Depuis, de nombreux lobbys ont été créés pour éviter des lois favorables à la responsabilisation des entreprises. Et de belles campagnes « vertes » se sont révélées être du beau greenwashing. Les multinationales de soda ne veulent pas d’un monde sans plastique ; et se battent pour.

Le tri et le recyclage des déchets est bien entendu une des solutions. Il reste que le coeur du problème est de ne pas en créer (même en bioplastique, voir plus bas).

En effet, à l’heure actuelle, le recyclage touche seulement une petite partie du plastique créé. Malgré de belles promesses, Coca-Cola ne recycle que 7% de son plastique au niveau mondial. C’est loin de des 25% promis en 2008 et de la volonté d’atteindre 30% en 2030. De plus, le plastique se dégrade en micro-plastique, qui se retrouve alors partout dans la nature. Une étude envisage ainsi qu’il y aurait plus de plastique que de poissons dans les océans d’ici 2050.

L’enjeu est d’abord de créer moins de plastique. A côté des
consommateurs, les entreprises doivent (re)prendre la responsabilité
des déchets qu’elles génèrent.

Les bioplastiques, un emballage plus vert ?

Quand on parle de bioplastiques, il faut distinguer les biodégradables (en condition industriel uniquement, pas dans son compost) et les biosourcés (fabriqués avec au moins 50% de matières végétales).

S’il existe une distinction, c’est parce que le biodégradable n’est pas nécessairement biosourcé car il peut être fabriqué avec des ressources fossiles tandis que le biosourcé n’est pas forcément biodégradable. Au final, moins de la moitié des bioplastiques produits en 2017 remplissaient les deux qualités. Les bioplastiques ne constituent donc pas une alternative durable et représentent en plus un risque pour notre souveraineté alimentaire.

Pour en savoir plus :


Cet article fait partie d’Autre Terre Magazine #9 qui parle de la production des déchets. Pour lire les autres articles, cliquez-ici.

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