Afrique de l’Ouest

Alors que le coronavirus se répand à travers le monde, nos associations partenaires au Burkina Faso, Sénégal et Mali doivent s’adapter pour faire face à la situation. Mais, selon les contextes, cette réponse prend des chemins assez différents.

Ainsi, les moins touchés actuellement sont nos partenaires maliens de Gao. Cette ville isolée au Nord du Mali n’a heureusement pas encore vu apparaitre le redouté virus. Tout fonctionne donc habituellement pour eux.

Pour nos autres partenaires, le travail s’est malheureusement adapté : télétravail pour le personnel de bureau et prudence renforcée pour les collègues de terrain. Les rassemblements collectifs sont proscrits mais les activités quotidiennes continuent d’être pratiquées… principalement au sein de nos projets agricoles qui nécessitent une attention de tous les instants.

La gestion des déchets est la plus impactée

Nos partenaires les plus impactés sont finalement Caritas-Kaolack et CEAS-Burkina qui soutiennent l’organisation de filières de gestion des déchets dans 10 communes au Burkina Faso et au Sénégal. Pour eux, qui travaillent en première ligne sur les questions d’hygiène et d’assainissement, le changement est important. En effet, la collecte de déchets joue un rôle important dans la lutte contre l’insalubrité mais doit faire l’objet d’un suivi strict pour ne pas être elle-même source de contamination.

Ainsi le CEAS-Burkina a entamé une tournée de ses sept communes bénéficiaires pour y apporter du matériel de désinfection et de protection : gants, masques, gel hydroalcoolique et lave-mains. Le personnel de collecte des déchets a bénéficié de sensibilisations spécifiques. Il a ainsi pu être équipé pour ne pas être un vecteur supplémentaire de diffusion de l’épidémie.

Quant à Caritas-Kaolack, il oriente ses actions vers de la sensibilisation et de la prévention au niveau de ses équipes de tri et de collecte. Mais également au niveau du grand public. Ainsi, des spots radio, des flyers et des affiches sont prévus pour informer et sensibiliser la population aux gestes de prévention. Quant aux équipes de collecte et de tri, elles ont été équipées afin de pouvoir continuer leur travail dans de bonnes conditions d’hygiène.

A suivre !

Actuellement l’impact du COVID-19 dans nos pays partenaires reste limité. Les semaines à venir nous apprendront s’il s’agit d’un défaut de dépistage ou si d’autres facteurs limitent la diffusion aux pays africains. Si l’épidémie venait à prendre une ampleur similaire à l’Europe de l’Ouest, nos pays partenaires pourraient être dramatiquement touchés. Quoiqu’il en soit, nos associations partenaires s’y préparent au mieux !

Pérou

Au Pérou, l’état d’urgence instauré depuis le 15 mars et qui vient d’être prolongé jusqu’au 24 mai a mis à l’épreuve nos partenaires. Tous ont mobilisé leurs efforts pour soutenir les producteurs et recycleuses.

Notre Coordinateur Pérou continue ainsi de travailler aux côtés des partenaires et soutenir les alliances, tout en étant confiné à Lima. Et, avec l’aide de l’ambassade belge au Pérou, il a facilité le rapatriement de notre stagiaire Kilian qui était bloqué à Ayacucho.

Activités en baisse

A Ayacucho, l’accès est restreint aux communautés, qui cherchent à se protéger de l’infection. La coopérative partenaire Frutos del Ande continue toutefois à soutenir ses associés lors de la récolte, certification et achat de produits. Elle a renforcé les circuits courts à travers des commandes de légumineuses et reprise des marchés de producteurs.

A Jauja, le Réseau de productrices a dû suspendre les opérations de sa laiterie. Il y a très peu de circulation et les acheteurs n’arrivent pas ou peu dans les communautés. Ce qui rend l’écoulement de la production très compliqué. Le Réseau continue cependant sa collecte journalière de lait aux associées.

A Cajamarca, les prix de la pomme de terre et de la tara (tannin naturel) ont chuté. Mais la coopérative APT a pu pallier l’absence de revenus de ces deux filières grâce aux produits alternatifs que nous développons avec elle. APT envoie désormais chaque semaine 500 kg à 1 tonne de légumineuses et farines de blés anciens à ses clients à Lima. Ces débouchés offrent des prix équitables aux associés durement touchés par la crise et soutiennent l’équipe technique d’APT.

APT envoie maintenant chaque semaine 500 kg à 1 tonne de légumineuses et farines de blés anciens à ses clients à Lima

Impact sur la gestion des déchets

A Arequipa, les recycleuses n’ont pas pu poursuivre leurs collectes durant l’état d’urgence (personnes à risque, baisse des prix des matériaux…). Une partie a pu bénéficier de la subvention du gouvernement. Pour d’autres, c’est l’Association des Femmes Ecosolidaires elle-même qui a fourni une aide solidaire (dons, activités génératrices de fonds…). L’Association travaille désormais au protocole de sécurité pour reprendre le travail.

Philippines

Dagyaw fait référence à la façon dont les agricultrices et agriculteurs philippins d’antan se rassemblaient pour travailler dans les fermes de chacun·e. Avec la crise du Covid-19, le dagyaw révèle la capacité des communautés à être solidaires avec les personnes les plus vulnérables. Malheureusement, le gouvernement Duterte n’a pas su répondre aux besoins des travailleuses et travailleurs de la santé ni des personnes en quarantaine. Pire encore, Duterte a nommé une équipe de militaires à la tête de l’équipe gouvernementale de gestion des crises. Alors que la population continue d’exiger que le gouvernement rende des comptes, ces actions de solidarité sont la lueur d’espoir.

Lisez l’entièreté de l’article de Felipe, chargé de plaidoyer à PDG, sur www.autreterre.org/covid19-pdg/