Afin d’en savoir un peu plus sur le travail qu’Autre Terre mène en Afrique de l’Ouest, nous avons posé quelques questions à Eva Fernandez chargée de suivi-évaluation pour l’Afrique de l’Ouest et à Romuald Compaoré chargé de mission dans notre bureau à Ouagadougou.

Quelle est la partie de votre travail que vous préférez ?

Romuald : La partie de mon travail que j’aime le plus, c’est la rencontre avec les bénéficiaires et les visites de leurs réalisations lors des missions de suivi dans les pays où nous intervenons. Les échanges avec les bénéficiaires sont des moments de découverte d’autres logiques, d’autres valeurs, et la façon dont les populations s’organisent pour résister aux chocs climatiques, à l’insécurité alimentaire et aux autres défis du monde contemporain.

C’est lors de ces missions terrain que je sens (les femmes qui ne prenaient pas la parole en public et qui la prennent maintenant, …) et vois (les producteurs qui appliquent les techniques agro écologiques dans leurs jardins, …) les changements induits par les projets et programmes soutenus par Autre Terre. Ça permet aussi de trianguler les informations reçues dans les rapports des partenaires et la réalité sur le terrain.

Romuald Compaoré, chargé de mission


Eva : La partie préférée de mon travail est l’accompagnement des partenaires. C’est vraiment motivant de voir que les projets avancent et de constater les changements qui peuvent en découler pour la vie des bénéficiaires et de leurs familles. Dans mon cas, c’est lors des missions que mon travail se concrétise sous la forme des visites sur le terrain et des échanges avec nos partenaires au Sénégal. C’est aussi durant ces moments d’échange et de partage que mon travail trouve tout son sens !


Comment avez-vous procédé lors de l’identification de nouveaux partenaires ?


Eva : Le processus d’identification de nouveaux partenaires se déroule en plusieurs étapes. D’abord, nous avons identifié des structures qui pourraient contribuer à améliorer la vie des populations dans les domaines de l’agroécologie et de la gestion des déchets. Ensuite, une première mission de terrain réalisée par mes collègues de la CR-AFO (coordination régionale en Afrique de l’Ouest) a permis de rencontrer ces organisations et d’échanger sur leurs activités, leur mission et leur vision. Suite à cette première mission de terrain, nous avons effectué une deuxième mission pour approfondir cette réflexion avec les organisations avec lesquelles nous partagions des valeurs et des attentes communes. Cette deuxième rencontre nous a déjà permis d’imaginer des pistes d’actions et synergies possibles avec d’autres acteurs pour le développement d’un futur programme commun.

Romuald : L’identification d’un nouveau partenaire d’Autre Terre en Afrique de l’ouest est tout un processus formalisé avec les collègues du nord. Si une organisation nous contacte un partenariat, nous l’invitons à participer aux activités des réseaux où Autre Terre est membre (CNABio, Association Re-Sources..) et nous visitons ses activités sur le terrain (échanges avec les bénéficiaires, le personnel, les organes dirigeants). Cette phase permet de se connaitre mutuellement à travers nos visions et missions. Si nos missions et visions sont compatibles et que ce nouveau partenariat peut renforcer les partenariats déjà existants dans les domaines de l’agroécologie, la gestion des déchets ou l’entreprenariat des jeunes et des femmes, nous passons à une autre étape en invitant le futur partenaire à remplir un questionnaire (questionnaire pour identification de partenaires). Ce questionnaire permet de mettre en lumière la vie associative/Démocratique de l’organisation, ses stratégies développées dans la mise en œuvre des projets, des partenariats, ses forces et ses faiblesses. Des informations complémentaires sur l’organisation peuvent également être collectées auprès des autorités locales et des personnes ressources. Si cela se passe bien, Autre Terre dans un premier temps soutiendra un projet du partenaire avec des fonds venant des fondations. Généralement d’une durée de deux ans, ce projet test permet de renforcer le partenaire avant de construire avec lui, un programme à long terme.

Comment se passe l’accompagnement des partenaires ?

Romuald : Nos partenaires sont des maitres d’œuvre de nos projets et programmes. A ce titre, ils sont responsables de la mobilisation sociale, du renforcement des capacités des bénéficiaires etc. et les  chargé-es de mission de la coordination régionale en Afrique de l’ouest les accompagne par entre autres les actions suivantes :

  • Faire l’état d’avancement des projets et programmes avec les partenaires sur le terrain ;
  • Analyser avec les partenaires, les écarts éventuels entre les réalisations et les prévisions, faire des ajustements, formuler toutes les recommandations appropriées pour améliorer les performances,
  • Renforcer les capacités des partenaires en ESS et en agro écologie par des formations, des échanges et en les mettant en relation avec des structures intervenant dans les mêmes thématiques ;
  • Accompagner les partenaires à créer et à développer des synergies et des complémentarités entre eux ;
  • Recenser les bonnes pratiques et expériences (agroécologie, ESS, gestion de l’environnement urbain) afin d’en tirer les enseignements et produire des documents de portée méthodologique et stratégique pour la formulation et la mise en œuvre des programmes similaires, assurer la diffusion et élaboration d’outils spécifiques utiles au plaidoyer (guides, etc.).

Eva : L’accompagnement des partenaires se fait à deux niveaux. Des missions de terrain sont effectuées par mes collègues de la CR-AFO tous les trois mois pour suivre l’avancement des activités mises en œuvre et discuter des problèmes rencontrés lors de l’implémentation du projet afin de trouver des solutions. Depuis le siège en Belgique, je suis le programme en étroite collaboration avec mes collègues au Sud, mais j’interviens surtout à des moments précis dans la durée du projet, notamment au moment de la préparation des rapports pour nos bailleurs de fonds. Une ou deux fois par an, je réalise aussi des missions qui me permettent de me rapprocher de la réalité du terrain, de mieux comprendre les difficultés et d’apprécier aussi les réussites.

Quels sont vos projets dans les mois à venir ?

Eva : Le projet qui m’occupe le plus de temps en ce moment est la préparation du futur programme 2022-2027 financé par la Direction Générale de la Coopération au Développement et Aide Humanitaire (DGD) de la Belgique. Pour ce nouveau programme, nous allons intervenir au Mali, Burkina Faso, Sénégal et enBelgique. Dans chaque pays, nous allons travailler sur un programme commun avec deux autres ONG SOS FAIM et Iles de Paix autour d’une même vision : la co-construction, avec les citoyens au Nord et au Sud, de systèmes alimentaires durables et résilients et d’un environnement sain.

Romuald : Actuellement, nous sommes en phase de formulation du prochain programme 2022-2026 et nos efforts dans les mois à venir seront consentis dans à rédaction des notes de cadrage par pays et par zone commune, aux auto-évaluations de SIA1, l’appui aux partenaires dans la rédaction des programmes. A cela, s’ajouteront la relecture des rapports narratifs annuels des partenaires et des missions terrain.