L’agroécologie, une lueur d’espoir

#Une coopérative maraichère à Tilff

Vent de Terre, c’est le pari lancé en 2016 par Gabriel, membre fondateur. C’est désormais une coopérative de maraichage viable comprenant plusieurs salariés et deux sites d’exploitation. Tout cela, grâce à l’agroécologie.

Coopérer avec les forces de la vie

« L’agroécologie, c’est produire de la nourriture avec notre milieu, pas contre lui ou malgré lui », nous expliquent Vincent et Julian, maraîchers chez Vent de Terre. Mais comment voient-ils leur projet avec les changements climatiques ? « On ressent les conséquences. L’année dernière, c’était la sécheresse de mars à août. Cette année, c’est beaucoup de pluie en mars et, en juillet, des 40°C la journée et 3° la nuit. C’est du suicide pour les légumes. C’est quelque chose qu’on n’avait pas avant. »

« L’agroécologie, c’est produire de la nourriture avec notre milieu, pas contre lui ou malgré lui. »

Une agriculture économe…

L’agroécologie peut être la « lumière d’espoir ». « C’est la possibilité technique de se passer du pétrole. » C’est aussi devenir plus résilient : « le fait d’avoir une production et un environnement diversifié nous protège en cas de problème. On ne met pas tous nos oeufs dans le même panier. » De plus, « tu as besoin de moins d’eau qu’en cultivant de manière conventionnelle, de moins d’intrants extérieurs. On fait de l’intensif mais en coopérant avec la vie, en rentabilisant les petites surfaces. »

… et productive

Le projet Vent de Terre est-il une solution pour nourrir le monde en pleine crise climatique ? « Certainement. À surface égale, on est entre 5 et 10 fois plus productif que l’agriculture traditionnelle. Il faudrait néanmoins un changement de système global » : une alimentation moins carnée et mieux
distribuée, un arrêt des subventions à l’agro-business pour un
meilleur soutien aux petites exploitations, un stop à la bétonisation
et une restauration des sols détruits par des années d’agro-industrie. « Il faut également donner envie aux jeunes de se lancer dans l’agriculture et leur donner la possibilité d’en gagner correctement leur vie. »

« À surface égale, on est entre 5 et 10 fois plus productif que l’agriculture traditionnelle.« 

Découvrez Vent de Terre en animation scolaire. Plus d’info ici.

Une démarche pour le climat à grande échelle

#L’expérience du Sikkim

Depuis 2003 le Sikkim, État indien peuplé de 600.000 habitants,
a commencé sa transition vers une production agricole uniquement
biologique.

Parmi d’autres mesures, les autorités ont interdit aux agriculteurs l’utilisation de produits chimiques (sous peine de 3 mois de prison !). Aujourd’hui, l’État est certifié « 100% bio ». Cette expérience semble avoir conquis la presse mondiale.

Cependant, la transition n’a pas été facile et reste compliquée. La démarche a été drastiquement imposée et les habitants ont reçu peu de soutien de la part de l’État. Des maladies et des parasites ont fait chuter les rendements agricoles. Cette baisse de la production a mené le Sikkim à compter sur les exportations de ses États voisins qui produisent de manière conventionnelle. Étant donné que les produits importés sont moins chers, le défi est grand pour les producteurs locaux qui n’arrivent pas à vendre leurs productions à un prix juste.

Tout n’est donc pas rose. L’agroécologie est une solution pour contrer les changements climatiques et est économiquement viable. Mais la transition doit se faire avec les acteurs de terrain, en fonction de leur réalité et de leurs besoins. « L’agriculture intensive a détruit nos sols pendant des années. Passer d’un sol stérile à un sol vivant va prendre du temps ».

« L’agriculture intensive a détruit nos sols pendant des années. Passer d’un sol stérile à un sol vivant va prendre du temps »

Ainsi, cette évolution doit être progressive, avec un réel accompagnement
technique et financier pour les agriculteurs. La transition vers l’agroécologie est déjà lancée par de nombreuses initiatives et par les liens qu’elles tissent entre elles. « Les changements viendront du bas. Il faut que les politiques prennent le pas, soutiennent ces initiatives et garantissent la
protection des sols.
»


Cet article fait partie d’Autre Magazine #4 qui parlait de l’agroécologie face aux changements climatiques. Pour lire les autres articles, cliquez-ici.

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