En 2019, Autre Terre écrivait L’agroécologie: voie de résilience et pointait les difficultés à répondre au changement climatique quand cela nécessite des changements profonds de société. Selon nous, l’agroécologie est bien plus qu’une solution au réchauffement climatique ou un modèle de production alternatif face à l’agro-industrie. Cette pratique agricole illustre et participe à ce changement de paradigme. Mais qu’entendions-nous par changements profonds et en quoi cela est-il nécessaire?

Au 19ème siècle, la révolution industrielle signait le passage d’une économie fondée sur l’agriculture et l’artisanat à une économie de plus en plus mécanisée et productiviste. Notre rapport au monde fut lui aussi modifié: la nature est devenue une manne de ressources à exploiter. Depuis, les activités industrielles et le mode de vie d’une partie de la population polluent la planète et l’atmosphère.
Comment ? Nous prélevons des ressources plus rapidement que leur taux de renouvellement, pour autant qu’elles puissent se renouveler. Elles sont ensuite transformées en biens et en services avec beaucoup (trop) d’énergie, générant déchets et polluants. La quantité de CO2 dans l’atmosphère a augmenté de 45% en 150 ans. Sa surabondance perturbe entre autres le phénomène naturel de « l’effet de serre ».


En résulte un réchauffement climatique trop rapide pour permettre une adaptation de la faune et de la flore. Par ailleurs, le réchauffement climatique est identifié comme l’une des 9 limites planétaires à ne pas franchir pour conserver un écosystème sûr. Nous avons franchi au moins 6 de ces 9 limites. En d’autres mots, les activités humaines ont un tel impact que l’habitabilité de la Terre est engagée. La planète
ne peut encaisser le modèle productiviste et extractiviste sur lequel repose notre économie actuelle. Face à cet état de fait, nous devons mettre en place des stratégies de résilience de toute urgence.
Faire pression, se mobiliser, changer
Que pouvons-nous donc faire? Individuellement, nous pouvons changer nos modes de consommation ou de mobilité quand nous en avons les moyens. Passer massivement à une alimentation faible en viande, biologique et locale peut avoir un réel impact quand on sait que l’agriculture représente à elle seule 24% de l’empreinte carbone liée aux activités humaines et 70% des besoins en eau.
Nous pouvons parallèlement faire pression et nous mobiliser collectivement pour politique climatique et sociale qui soutient des systèmes alimentaires durables et s’oppose à des modèles mortifères.
Allant bien au-delà de simples techniques d’agricultures comme on le pense souvent, l’agroécologie est une approche holistique. Elle revalorise la biodiversité et les écosystèmes naturels s’y intégrant et en collaborant avec eux. Parallèlement, elle permet une diminution forte des besoins
en eau et énergies fossiles. Elle permet de répondre à des besoins alimentaires essentiels localement et de manière raisonnée. L’agroécologie est porteuse de valeurs sociales et culturelles fortes prônant l’équité et la connectivité entre êtres vivants. Elle questionne aussi le rapport à la terre et au territoire. Nous en sommes convaincus, mise en œuvre à l’échelle mondiale, l’agroécologie permettrait de conserver
une planète viable et désirable.

Cet article provient de notre dernier numéro d’Autre Terre Magazine à lire en entier ici.

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