Pour des mesures sanitaires non excluantes
Contre un CST généralisé

Au même titre que de nombreux acteurs culturels, Autre Terre tient à se positionner par rapport à une obligation généralisée du Covid Safe Ticket. En effet, nous ne pouvons pas accepter que l’accès à nos événements soie rendu plus difficile, voire impossible, pour une partie de la population. C’est pourquoi Autre Terre signe ce 8 octobre 2021 les lettres ouvertes des acteurs culturels liégeois et de Still Standing For Culture.

Nous rejoignons leurs questionnements par rapport à l’efficacité sanitaire d’un CST généralisé. Nous trouvons également dans le CST une forme d’obligation qui ne dit pas son nom et où l’Etat se décharge de ses responsabilités. Nous ne voulons pas non plus devenir des agents de contrôle qui trient les participant·es de ses activités. Nous ne voulons ni exclure, ni stigmatiser ou contrôler. Ce n’est pas notre rôle et cela entre totalement en contradiction avec nos valeurs.

Quelques jours seulement après que nous ayons organisé notre Brocante Terre avec ce CST, notre positionnement pourrait paraitre hypocrite. Cependant, le dispositif nous a été imposé par la commune d’Herstal et nous n’avions pas le luxe de désobéir ou d’annuler. En effet, cette brocante est une de nos principales rentrées d’argent propres et nous avons déjà dû l’annuler par trois fois ces derniers mois. Néanmoins cela nous a appris de nombreuses choses que nous voulons partager :

  • Nous avons ressenti la fracture numérique. Il n’est pas aisé de se retrouver dans toutes les procédures, informations, etc. qui sont principalement en ligne. Même le format papier n’est pas facile d’accès. Ces personnes déconnectées, pour de multiples raisons, se retrouvent ainsi encore plus isolées.
  • Nous avons mis en place, à nos frais, des tests antigéniques à l’entrée, au prix de 2 euros qui se convertissait ensuite en deux tickets boissons. C’était la seule manière de rendre notre événement le plus inclusif possible. Cette possibilité nous a demandé beaucoup de temps de recherche, d’organisation… et d’argent également. Pour un résultat peu optimal. Nous n’avons pas pu le mettre en place toute la journée, tout le monde ne connaissait pas cette possibilité ni les horaires, le prix de 2€ en a rebuté certain·es, il fallait gérer les files, les personnes sans carte d’identité n’y avaient pas accès, etc.
  • Scanner les personnes et faire le tri ne sont pas des gestes anodins. Ce n’est pas le rôle d’un citoyen.ne de dire à une famille « Rentrez chez vous, vous n’êtes pas vaccinés ni n’avez un test négatif » ou de gérer la colère ou la frustration des personnes. Humainement, nous avons fait des dégâts aux bénévoles à l’entrée qui normalement ont un rôle d’accueil et d’information.
  • Le CST crée une discrimination qui est difficilement défendable auprès des personnes refoulées. Celles-ci voyaient les incohérences de ces mesures où il serait plus dangereux de marcher dans une brocante plein air plutôt qu’au supermarché, où il serait plus dangereux de participer à un ciné-débat masqué et avec distanciation physique que de prendre un bus bondé.

Il reste que pour certains événements le CST peut être une solution. Mais pas pour une brocante plein air, pas pour des ciné-débats ou des événements à audience réduite. Le secteur culturel a prouvé qu’il pouvait tenir un protocole qui diminue les risques de propagation du virus : avec les masques, les jauges réduites, la distanciation physique, etc.

Ne nous voilons pas la face, les événements de sensibilisation qu’Autre Terre organise n’atteignent déjà pas toute la diversité de la population belge. La généralisation de ce pass sanitaire rendrait nos événements encore moins inclusifs et mettrait encore davantage de côté toute une partie de la population.

Autre Terre demande donc aux instances politiques de ne pas imposer un CST généralisé, qui ne ferait que diviser la société et renierait nos valeurs d’inclusion. Il existe d’autres solutions.

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